LES VIGNOBLES DE L’YONNE
Contempler, savourer, s’émerveiller, amateurs de bons crus et amoureux des paysages viticoles, l’Yonne va mettre tous vos sens en émoi. À coup sûr, vous tomberez sous le charme des villages qui ont gardé cette architecture typiquement vigneronne et apprécierez les arômes délicats des vins subtils issus des vignobles de Chablis, de l’Auxerrois, de Joigny, du Tonnerrois et du Vézelien.
Ce sont plus de deux milles ans de viticulture qui ont dessiné les côteaux icaunais. En effet, les premiers pieds de vigne sont plantés au Ier siècle de notre ère et se sont fortement répandus sur le territoire, au IIIe siècle, lorsque l’empereur Probus leva, en 280, l’interdiction de plantation de nouvelles vignes hors d’Italie.
Si, au Moyen-âge, les abbayes privilégient pour leurs vins rouges, le Gamay, Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, en interdit la culture en 1395 au profit du Pinot noir afin d’améliorer la qualité de ses vins.
En revanche, à Chablis et Vézelay, le chardonnay règne déjà en maître depuis longtemps.
Dès l’époque médiévale, la renommée des vignobles icaunais s’affirme grâce à la rapidité du transport fluvial. Les vins des vignobles de l’Auxerrois mais aussi le Chablis sont exportés par bateaux, sur l’Yonne puis la Seine, jusqu’à Paris, puis Rouen et enfin vers les pays de l’Europe du Nord.
Les vignobles de l’Yonne, dont ceux du Chablisien, de l’Auxerrois, du Tonnerrois, du Jovinien et du Vézelien sont labellisés Vignobles & Découvertes, vous réservent bien des surprises !
A ces appellations prestigieuses, des passionnés entendent ajouter un vignoble qui avait disparu depuis le début du XXe siècle, celui du Sénonais.
L’Yonne compte 547 récoltants-vinificateurs qui produisent en moyenne 232 000 hectolitres de vins par an, dont 91% de vins blancs.
LE VIGNOBLE DE CHABLIS
Amateur de vin ou profane, tout le monde a déjà entendu le mot Chablis au cours d’une conversation ou d’un bon dîner, surtout lorsqu’une bonne bouteille de cette AOC emblématique de l’Yonne trône au milieu de la table.
Dès le Moyen-Age, ce sont les moines, en particulier les cisterciens de l’Abbaye voisine de Pontigny, qui plantent la vigne sur les coteaux les plus ensoleillés, ceux sur lesquels sont aujourd’hui produits les grands crus. Dès le XIIIe siècle, le vin de Chablis voit sa renommée croître et se retrouve sur les tables couronnées d’Europe. Entièrement détruit par le phylloxéra en 1887, il faut plus de dix ans pour reconstruire le vignoble.
Les vins de Chablis sont des vins blancs secs qui se distinguent par leur pureté, leur fraicheur, leur finesse, leur minéralité. Le cépage Chardonnay s’exprime à Chablis comme nulle part ailleurs. Il puise dans un sous-sol vieux de 150 millions d’années sa personnalité, son caractère, et mûrit dans des conditions idéales, sous un climat semi-continental, lui permettant d’atteindre un bel équilibre entre sa richesse en sucre et sa fraîcheur.
Aujourd’hui, les vins de Chablis se déclinent en 4 appellations : petit chablis, chablis, chablis premier cru et chablis grand cru. Ils représentent 72% du vignoble icaunais et 19% du vignoble bourguignon.
Connu pour sa robe or plutôt claire, penchant sur un côté vert ou parfois pâle, ce vin blanc vous propose de la fraîcheur, des minéraux et de la vivacité. En bouche, vous garderez une saveur très fraîche et pure grâce aux arômes, pour vous satisfaire d’un vin sec d’une parfaite finesse. Le chablis possède une personnalité unique et très reconnaissable.
Le savoir-faire dans notre métier n’existe pas. Pour être vigneron, il faut tout simplement avoir la passion du travail de la vigne et l’âme pure, tout cela ne laissant place qu’à la vocation que l’on pourrait assimiler à un « sacerdoce ». Mon grand-père et mon papa m’ont transmis cette vocation, mais je n’ai jamais entendu le mot excellence.
Seul, notre terroir exprime la grandeur du vin. Le nôtre est extraordinaire et incomparable, il offre à nos vins une richesse rarement rencontrée, les nez sont d’une élégance sans faille, leur complexité attire les plus grands dégustateurs de France. Plus encore nos vins sont gourmands, ils interpellent de nouveaux adeptes…
LE VIGNOBLE DE L’AUXERROIS
Cultivé depuis la période gallo-romaine, le développement du vignoble a suivi l’évolution du commerce vers Paris par voie d’eau. Aujourd’hui, ce sont environ 1 300 hectares qui sont cultivés sur les coteaux au sud d’Auxerre, entre les villages de Mouffy, Irancy et Chitry, pour produire cinq appellations de grande renommée : l’Irancy, le Saint-Bris, le Bourgogne Côte d’Auxerre, le Bourgogne Coulanges-la-Vineuse et le Bourgogne Chitry. Les domaines de ces appellations réservent aussi des pieds de vignes à la production de Crémant de Bourgogne, du Bourgogne Aligoté, du Bourgogne Passe-tout-grain et du Bourgogne ordinaire.
Du Rouge, du Blanc, du Rosé, du Crémant, le vignoble de l’Auxerrois propose une jolie palette de couleurs et de saveurs, avec une production de vins issus des principaux cépages bourguignons : aligoté, chardonnay, pinot noir, césar, chardonnay, sauvignon, sauvignon gris… De l’apéritif au dessert, les vins de l’Auxerrois subliment tous vos plats !
Il y a une fraîcheur à écouter Gabin et Felix Richoux décrire leur travail dans la vigne, à raconter l’histoire du domaine familial qui produit du vin depuis 1620 et à évoquer l’avenir. Le sourire est sur les lèvres pour raconter aussi bien les joies des bonnes années que les caprices de la nature mettant à mal dix-huit mois de dur labeur.
Nul doute que, au milieu des rang des vignes, lors des hivers vigoureux, les périodes de gel sont vécues gravement. Mais les deux frères ne se découragent pas aussi facilement. Surtout, ils ont la passion de leur métier que leur ont enseigné leur parents Thierry et Corinne Richoux. Surtout, ils savent qu’ils ont la chance de produire un vin d’exception, à l’appellation mondialement connu, l’Irancy.
LE VIGNOBLE DU TONNERROIS
Le vignoble du Tonnerrois (Tonnerre et Épineuil), situé dans la vallée de l’Armançon, est l’un des plus anciens de France. Il bénéficie d’un sol argilo-calcaire et d’une disposition privilégiée sur les coteaux pentus et ensoleillés. La culture de la vigne dans ce territoire remonte au IXe siècle, lorsque les moines des abbayes de Quincy à Tanlay et de Saint-Michel à Tonnerre intensifièrent et améliorèrent la culture de la vigne et l’élaboration du vin. Certaines des techniques mises en place à l’époque sont toujours utilisées aujourd’hui. Pour la petite anecdote, on dit que le Chevalier d’Eon, espion du Roi Louis XV et originaire de Tonnerre, savait user des effets euphorisants des vins locaux pour obtenir quelques informations secrètes…
C’est à partir de 1969 que les hommes ont fait renaître le vignoble que nous connaissons aujourd’hui. Ils ont petit à petit réinvesti les meilleurs coteaux de Tonnerre, d’Épineuil, de Molosmes, de Junay et d’autres villages avec des cépages typiquement bourguignons et soigneusement choisis. Aujourd’hui le vignoble couvre 240 hectares plantés pour moitié en Pinot Noir et pour l’autre en Chardonnay.
Pour Céline Coté, la viticulture est avant tout un mode de vie qui permet d’exercer son métier en plein air, au contact de la nature, au rythme des saisons et dans le respect de ses valeurs.
Terroir, transmission, environnement… cultiver la terre est un art de vivre qu’elle entretient savamment jour après jour. Une philosophie de vie qui l’a conduit à attacher la plus grande valeur à la terre où la vie puise ses forces, en produisant bio.
LE VIGNOBLE DU VÉZELIEN
C’est depuis l’Antiquité que la vigne est cultivée tout à fait au sud du département de l’Yonne, à la lisière du Parc Naturel Régional du Morvan. Au Moyen-Age, avec l’implantation du christianisme, se développent des domaines rattachés aux abbayes. Vézelay devient en 1058 un important lieu de pèlerinage et point de départ de l’un des chemins vers Saint-Jacques de Compostelle, c’est alors que la production de vins augmente de la même manière que le nombre de pèlerins.
Le cépage de l’AOC Vézelay, le chardonnay, est planté sur 90 hectares sur les communes de Vézelay, Asquins, Saint-Père et Tharoiseau.
Décimé comme ses voisins par le phylloxera, il faudra attendre les années 70 pour une renaissance du vignoble. L’appellation régionale Bourgogne est obtenue en 1985. La dénomination Bourgogne Vézelay est créée en 1996. La consécration pour ces vins blancs vient en 2017 avec la reconnaissance d’une dénomination propre l’AOC Vézelay.
Ce vin aux arômes fins et à la robe dorée se déguste, pour une vue imprenable sur le vignoble, au pied de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité !
En vous proposant de visiter leur domaine, Sophie et Matthieu Woillez vous donnent rendez-vous avec l’Histoire.
L’histoire de la restauration de l’ancienne ferme du château de Tharoiseau qu’ils ont entrepris en 2009, l’histoire de la résurrection d’une appellation dans les années 1970, et l’histoire d’un joyau architectural, la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, édifiée au XIIe siècle, et inscrite au répertoire des Monuments historiques ainsi qu’au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO.
LE VIGNOBLE DE JOIGNY
Le vignoble le plus septentrional de la Bourgogne offre un superbe point de vue sur Joigny et les vignes de la Côte Saint-Jacques. Mentionné dans des écrits datant de 1082, la vigne s’est développée jusqu’au XVIIIème siècle. En 1731, le journal Mercure de France estime que les Vins de la côte Saint-Jacques sont meilleurs que ceux d’Auxerre. La rivalité entre vignerons est alors à son comble. La “bataille des vins” de l’Yonne dure jusqu’au début du XIXe siècle lorsque les viticulteurs joviniens privilégient la productivité pour répondre à la demande parisienne.
Suite à la crise du phylloxera à la fin du XIXe siècle qui a détruit l’ensemble des pieds de vignes, seulement une quarantaine d’hectares a été replantée sur les 600 exploités jusqu’alors. Il faut attendre les années 1970 pour voir le vignoble renaître. Celui-ci obtient l’AOC en 1975. Aujourd’hui, 13 hectares sur 25 hectares de vignes sont dédiés à l’AOC Bourgogne Côte Saint-Jacques. Ce renouveau est porté par le restaurant doublement étoilé au Guide Michelin, la Côte Saint-Jacques, situé en contrebas des côteaux de l’AOC.
Le vignoble de Joigny représente aujourd’hui 55 ha et avec les vignes plantées sur les communes de Champvallon et Volgré, le vignoble jovinien.
L’appellation Côte Saint-Jacques est intimement liée à la famille Vignot. Avec 10 hectares exploités par Alain Vignot et, à présent, par Julien Vinot sur les 13 hectares 30 bénéficiant de l’appellation, on pourrait presque parler d’identification. D’ailleurs, le domaine Vignot est le seul producteur du Bourgogne Côte Saint-Jacques Blanc.
Mais l’humilité d’Alain et de son fils, Julien les conduisent à placer, dans leur récit, le vignoble et la terre au cœur de leur histoire. Car c’est bien le fait d’évoquer la vigne, ses secrets, du soin qu’elle requiert quotidiennement qui fait briller les yeux de Julien. C’est en échangeant avec ses interlocuteurs, sur son travail que le jeune viticulteur se dévoile, modestement.
LE VIGNOBLE DU SENONAIS
La présence de la viticulture dans le Sénonais est attestée dès l’Antiquité. C’est un édit royal de 1416 qui classe ces pieds de vignes parmi les vignobles de Bourgogne en établissant que les vins situés en amont du pont de Sens sont “de Bourgogne” et ceux situés en aval de celui-ci “d’Ile-de-France ». A l’époque médiévale, les vins de Sens et de ses environs conquièrent les tables des rois de France. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ils abreuvent les bistrots des quartiers populaires de la capitale, comme le célèbre cabaret d’Aristide Bruant, le Chat Noir.
En 1890, le vignoble subit l’attaque du phylloxera, insecte venu des Etats-Unis. Il est par ailleurs concurrencé par les vins du sud qui profitent du nouveau chemin de fer pour s’exporter. Enfin, la Première Guerre mondiale marque l’arrêt de la viticulture dans le Sénonais.
Aujourd’hui, situé à Paron, le Domaine des Sénons fait renaître ce vignoble disparu. Les analyses de sols, géologiques et chimiques révèlent un grand terroir. Le Domaine des Sénons possède des caves voutées, taillées dans la craie, réputées d’origine médiévale, constituant un écrin idéal pour la conservation de ses millésimes.
Frédéric Duponchel, co-fondateur d’un cabinet de conseil, entretenait depuis des années un doux rêve ; replanter de la vigne dans le senonais. Sa fille, Marie Duponchel, a fait le choix audacieux, après un master II de Gestion publique à l’Université Paris-Dauphine la destinant à un avenir prometteur dans la gestion de projet, de se réorienter dans la viticulture en obtenant un BTS Viticulture-œnologie.
Son gendre, Florian Ruscon, dès son plus jeune âge, aspirait profondément à travailler la terre. Le jeune homme se donnait les moyens de vivre sa passion en obtenant un BTS et une licence professionnelle de production végétale. Ce sont trois amoureux de la terre, conscients de ce que tout ce que la nature à offrir en partage aux amateurs d’alliages de saveurs et arômes nouveaux qui ont décidé de relever ensemble un défi immense.