Bérengère SCHUH
La quiétude olympique
ELLE SERA RELAYEUR DE LA FLAMME OLYMPIQUE DANS L’YONNE !
Sélectionnée par la Fédération Française de Tir à l’Arc
De Bérengère Schuh se dégage une douce sérénité. La championne icaunaise sait ce qu’elle a accompli ; ce fut une partie de sa vie, belle, magnifique, pleine d’émotions. Aujourd’hui, la maman icaunais vit une autre partie de sa vie, belle, magnifique, pleine d’émotions. Un temps pour tout, plusieurs vies dans une vie, et un tendre regard sur son parcourt sportif.
La rencontre avec François Degrange
Un parcours qui commence pourtant par un drame ; la mort du frère du voisin, fauché en plein été dans un accident de voiture. Elle lit dans les journaux qu’il pratiquait le tir à l’arc. Le drame questionne la jeune fille de 12 ans ; la passion sportive du voisin l’intrigue. Sans doute, un besoin de réponse, sans doute un besoin de rendre hommage, alors, en septembre, elle pousse la porte du club de tir à l’arc.
Bérengère découvre un univers, un sport, une seconde famille. Elle découvre François Degrange, président du Club et papa de son voisin décédé dans un accident de la route. François, sa douleur, sa force de caractère, sa force de conviction, sa générosité, son grand cœur. Son attention et sa patience pour tous les licenciés, ses conseils ci-et-là pour améliorer la posture, le geste, le tir. Son œil aiguisé pour découvrir les talents…
Une aisance naturelle à l’arc
Il est généralement admis que commencer une activité sportive à douze ans cantonne à une pratique de loisirs. Sauf que Bérengère est à l’aise avec un arc à la main. Elle trouve rapidement ses marques sur le pas de tir : la position de ses mains pour positionner la flèche contre la corde, la posture pour avoir pleinement la cible dans le viseur, la respiration et la concentration de toute championne… Et quand le moment est venu, que la corde a atteint sa tension optimale, que Bérengère a pu faire le vide, qu’elle a pu « coupé son cerveau » pour ne pas se faire polluer par des réflexions ou idées de dernière minute, de dernières secondes, alors… alors le bout des doigts libère la flèche. 18 mètres en intérieur ; 70 mètres en extérieur. En une fraction de seconde : la flèche vient se planter dans un des cercles de la cible partagé en couleurs selon la précision du tir : jaune, rouge, bleu, noir ou gris…
Parce qu’elle aime les sensations de ce sport, Bérengère se donne à fond, répète inlassablement son geste jusqu’à la perfection. François remarque le jeune talent. Il l’inscrit aux compétitions, départementales, régionales et très vite nationales. François insiste pour que Bérengère intègre l’équipe de France et, à 15 ans, la jeune icaunaise entre au Pôle espoir de la Fédération à Compiègne. C’est en principe le centre réservé aux garçons, mais c’est la condition de Bérengère : elle veut pouvoir rentrer les week-ends dans sa famille ce que ne permet pas le centre de Boulouris réservée aux filles.
La famille de Bérengère suit, pousse et soutient le jeune prodige. Le quotidien s’en trouve chamboulé. On part le lundi à 4 heures du matin pour être à la gare de Troyes à 5 heures. Et le vendredi soir, Bérengère descend du train à 23 heures pour faire le trajet voiture inverse.
Si elle est au Pôle France, Bérengère reste licenciée de la Sentinelle de Brienon, par fidélité, par reconnaissance, parce qu’elle est icaunaise !
L’élite mondiale en ligne de mire
En 1999, à 15 ans, Bérengère est championne d’Europe cadette. L’année suivante, elle bat le record du monde junior.
S’enchaîne ensuite les victoires dans l’élite : en 2002, elle décroche le bronze aux championnats du monde en salle par équipe. En 2003, elle, est championne du monde d’arc classique en salle. Toutefois, aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004, elle échoue par équipe au pied du podium.
A Pékin, quatre ans plus tard en 2008, elle monte sur la troisième marche du podium et accroche avec ses coéquipières le bronze olympique autour du cou.
Puis, une douleur se fait ressentir au niveau de l’épaule lorsqu’elle tire. Bérengère continue l’entraînement mais ne tire plus que 250 flèches par jours là où les autres filles s’exercent avec 300 et 400 flèches voire plus depuis que la Fédération a décidé de recruter un entraîneur sud-coréen qui exige. Bérengère refuse ses méthodes et doit quitter le Pôle France. Au-delà de la douleur à l’épaule, elle ne voit pas l’intérêt de tirer autant. D’ailleurs si le reste de l’équipe France s’y plie, aucun résultat probant ne vient conforter la méthode sud-coréenne.
Bérengère n’est pas remplacée. Aussi la Fédération lui demande-t-elle de continuer à jouer pour l’équipe. Comprenne qui pourra parfois les logiques des fédérations sportives ! Peu importe, Bérengère sait « couper son cerveau », laisse ces considérations au vestiaires et continue d’engranger les titres.
Mais en 2013, c’est avec un tendon supra-épineux abîmé par la compétition que Bérengère se présente à la coupe du monde. Le tendon lâche. Bérengère reste 5 mois sans tirer une flèche.
Elle revient à son haut niveau fin 2014.
Supportrice de l’équipe de France aux JO
La compétition, le haut niveau, la première marche du podium, la capitanat, la marseillaise qui retentit, Bérengère en garde de magnifique souvenirs, une grande fierté. Sans doute aurait-elle aimé que Paris accueillent les Jeux Olympiques plus tôt afin de vivre ce moment sportif unique sur le sol de France. Mais elle laisse les Jeux de 2024 à la nouvelle génération. Bérengère sera supportrice de l’équipe de France de tir, un rôle qui la ravit parfaitement !
Tout comme son rôle de passeur de témoin ! Bérengère se plaît à raconter son parcours aux plus jeunes. Dans les classes d’écoles, dans les clubs, Bérengère est invitée à raconter son expérience de championne et les questions des enfants fusent aussi vite que les flèches.
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