Pontigny va retrouver son lustre d’antan
La fondation SCHNEIDER veut rendre son aura au site cistercien…
Il possède incontestablement l’art et la maîtrise de l’oralité, le responsable de la fondation qui porte aujourd’hui son patronyme. Voire de la répartie, non dénuée d’un zeste d’humour, lorsqu’il est prié de donner sa définition de l’art contemporain, répondant à une question décalée du public ! Mais, il ne faut pas se fier aux apparences. Même s’il affirme tout de go avoir achevé sa mission, le projet polyvalent qui s’esquisse avec davantage de certitudes au domaine de l’Abbaye de Pontigny portera durablement la griffe de François SCHNEIDER…
Il sait manier le verbe et la parole, François SCHNEIDER ! Et surtout donner un sens profond aux arguments qu’il égrène face à un public qui écoute attentif le moindre des mots édictés. Portant beau, scrutant avec intérêt ses interlocuteurs qui lui posent des questions directes au terme d’une conférence de presse qui n’en est pas véritablement une, au vu de l’aéropage conséquent de personnalités politiques et institutionnelles présentes (!), le personnage originaire de Joigny veut faire toute la lumière sur un dossier qui aura suscité bon nombre de polémiques dans le microcosme de l’Yonne : la cession du domaine de l’Abbaye de Pontigny.
Un projet long à se dessiner…
Un feuilleton, digne des séries à suspense – mais en moins horrifique fort heureusement ! – que propose les plateformes numériques actuelles, ayant tenu en haleine depuis plus de deux ans les suiveurs de l’actualité du landerneau septentrional de la Bourgogne.
Une fondation positionnée dans l’eau et le patrimoine…
Surtout avec à sa tête une fondation originaire d’Alsace, apparue dans le paysage de l’initiative et la prise de risque en décembre 2000 – elle est depuis 2005 reconnue d’utilité publique – et qui possède déjà à son actif un certain nombre de réussites, à commencer par le Centre d’Art Contemporain, accueilli dans la jolie bourgade alsacienne de Wattwiller.
Un site qui propose plus de 2 500 mètres carrés d’espaces d’exposition consacrés au thème de l’eau. Un outil structurel altruiste, ayant aussi la volonté d’aider les lycéens défavorisés soucieux de suivre un parcours pédagogique dans l’enseignement supérieur avec des bourses.
Le tourisme pour que Pontigny retrouve son universalisme…
Au-delà de l’encouragement artistique et du prosélytisme éducatif, la Fondation SCHNEIDER vise encore plus grand avec l’acquisition du domaine de l’abbaye cistercienne icaunaise. Pour la rondelette somme d’1,8 million d’euros à remettre via virement à la Région Bourgogne Franche-Comté, jusque-là propriétaire de l’endroit.
Cela a été confirmé officiellement lors de ce rendez-vous avec les médias (et surtout les nombreuses personnalités !) dans la salle des convers in situ par le maître de cérémonie, François SCHNEIDER lui-même.
L’entité ajoute dans son escarcelle un autre item à sa panoplie déjà éclectique : le développement du tourisme patrimonial. Grâce à ses six mille mètres carrés de bâtiments dont certains seront à réhabiliter et à agencer sur les neuf hectares que compte le domaine, verdoyant et boisé.
Un centre d’art contemporain opérationnel entre 2026 et 2027…
L’objectif est simple : rendre son universalisme et sa magnificence à ce joyau de l’art roman. Comment ? Une fois les études préliminaires et les sondages archéologiques réalisés – un delta temporel d’une année, voire peut-être d’un peu plus sera néanmoins nécessaire pour analyser la topographie des lieux -, la Fondation se plongera alors la tête la première dans l’avenir, en aménagement les bâtiments selon le schéma initial requis.
Avec en toile de fond un édifice cistercien, fleuron du patrimoine régional de plus de neuf cents ans comme vedette !
Vendu ? Plus vendu ? A quelles conditions ? Sans occulter les prises de position régulières d’une congrégation religieuse qui avait elle-aussi des visées sur ce complexe séculaire universel. Bref, un dossier qui ne ressemblait nullement à la « vie est un long fleuve tranquille » dans son traitement usuel. Rattrapé comme tant d’autre par les vicissitudes de la crise sanitaire, ce qui augurait de sombres perspectives quant à l’issue définitive de ce projet…
Dix ans devant rayonner de manière optimale…
Le projet, parlons-en ! Il est polymorphe, tentaculaire, multiple. Rien d’étonnant qu’il surprenne en vérité par sa physionomie et son ambition car des concepts similaires, il n’en existe pas légion à l’heure actuelle dans l’Hexagone. Pays qui connaît la crise économique et sociale profonde – un peu mieux maîtrisé que dans le reste de l’Union européenne -, mais qui est parfois en déliquescence intellectuelle complète au niveau de l’imaginaire et de la créativité…
Alors, vu de l’Yonne, c’est sûr : un tel concept entrepreneurial gargantuesque qui mélange astucieusement l’ouverture d’une infrastructure hôtelière de niveau quatre étoiles, assorti à un restaurant supposé gastronomique, la présence physique d’une boutique où s’écouleraient les produits à l’estampille du domaine (miel, pain, biscuits, liqueurs…) et la culture de produits du terroir en concertation avec des spécialistes des filières agricoles et bio, cela peut faire peur dans les chaumières !
Certes, les aficionados du lieu devront s’armer de patience avant de découvrir la configuration définitive, une vertu cardinale de la spiritualité !
Si tout se présente bien, c’est durant la saison 2026/2027 que devraient être opérationnels le Centre d’Art contemporain, accueillant les artistes se reconnaissant pour tels, ainsi que la partie inhérente liée à la production agricole locale. Parallèlement, les visiteurs – des touristes cosmopolites en quête de retraites patrimoniales et spirituelles mais pas que – profiteront du cadre confortable du complexe hôtelier grand standing, tout en se sustentant de recettes sympathiques qui seront élaborées dans le restaurant haut de gamme.
Un budget à 20 millions d’euros et une centaine d’emplois…
Sur le plan comptable, la Fondation SCHNEIDER injectera l’équivalent estimatif de vingt millions d’euros à la réalisation de ce concept. Un projet gradué qui s’échelonnera sur une décennie, selon les prévisions fournies par son porte-parole éponyme.
Une dizaine de millions d’euros seront affectés à la rénovation des bâtiments devant trouver une nouvelle existence dans le projet. Le complexe hôtelier comprenant une cinquantaine de chambres englobera à lui seul huit millions d’euros. Deux autres millions serviront à l’agencement de la partie restauration.
Quant aux perspectives d’emploi, générées par ce projet, elles furent également évoquées en conclusion de ce rendez-vous très intéressant : une centaine de postes seront créés dans un intervalle de huit à dix ans sur le site.
De quoi réjouir la classe politique, présente aux premières loges de cette conférence. Y compris la présidente de la Région Marie-Guite DUFAY suiveuse de l’évènement en visioconférence. Et de lever ainsi les doutes et les craintes sur les réelles intentions de la Fondation SCHNEIDER qui s’engage à redonner vie à ce site séculaire hors du temps…
Thierry BRET